Les initiatives pour lutter contre le gaspillage alimentaire sont encore trop rares pour se permettre de les opposer les unes aux autres. Le doggy bag est sous le feu des projecteurs depuis 24 heures. La raison ? Des députés veulent imposer aux restaurateurs d’en mettre à la disposition des clients qui n’ont pas terminé leur assiette. Voici quelques vérités qu'il convient de rappeler ou de faire connaître !
1-Une proposition pleine de bon sens
Même si on n’aime pas l’idée d’imposer, il faut reconnaître que ce n’est que du bon sens déjà largement pratiqué dans d’autres pays. Un coup de pouce du législateur aiderait à faire entrer la pratique dans les mœurs. 2-Mais le doggy bag reste peu adapté à notre mode de vie français Cette pratique changera-t-elle vraiment les choses ? S’il existe effectivement encore des clients gênés de demander à repartir avec leurs restes et des serveurs qui les regardent d’un mauvais œil, ce n’est pas pour cela que le doggy bag peine à rentrer dans nos coutumes. C’est simplement parce qu’il n’est pas adapté à notre culture, aux portions servies par nos restaurateurs et à notre mode de consommation une fois rentré à la maison : en France, on prend ses repas en famille, à des heures plutôt régulières et on mange à peu près tous la même chose. Ce qui fonctionne pour une part de pizza n’est pas généralisable au reste de la restauration : on ne rassasie personne avec un petit reste d’entrecôte accompagné des trois frites que l’on n’aurait pas terminées au déjeuner. 3-Une solution déconnectée du besoin Prenons du recul : avec cette proposition, on veut une nouvelle fois traiter les conséquences du problème et pas ses causes. S’il y a effectivement une certaine forme de gaspillage alimentaire dans la restauration commerciale, ce n’est certainement pas le fait de clients schizophrènes qui ne termineraient pas les plats qu’ils ont payés. Et c’est encore moins parce que les restaurateurs ne leur permettent pas de repartir avec les restes ! 4-Les Doggy Bags prennent la poussière... Aujourd’hui, la plupart des restaurateurs qui ont suivi les précédentes recommandations et ont commandé en force des doggy bags semblent dire qu’ils n’en écoulent que très peu, un à deux par semaine (donc de l’ordre du 1 pour 1000 repas servis). Certains confessent même les reconvertir en emballage pour faire de la vente à emporter. Quand d’autres dénoncent le fait de leur faire payer ces supports au prix fort. 5-Quand c'est bon et bien proportionné, pas de restes ! Les diagnostics que notre entreprise Framheim réalise dans les plonges et les poubelles des restaurants sont sans appel : quand c’est bon et justement proportionné, il n’y a pas de restes. Le doggy bag (ou gourmet bag, expression permettant de rendre les restes psychologiquement plus appétissants) n’est pas la meilleure solution pour lutter contre le gaspillage alimentaire dans la restauration ! - Quand il y a des restes parce que ce n’est pas bon, ça ne sera pas meilleur réchauffé au micro-ondes après avoir passé l’après-midi dans la voiture au soleil. - Quand il y a des restes parce que c’était trop copieux, le restaurateur doit se poser des questions sur ses portions, et au final, son modèle économique. 6-Les vrais enjeux de la lutte contre le gaspillage alimentaire sont ailleurs. La plupart des restaurants labellisés « Restaurant engagé anti-gaspi » s’étonnent de ce débat : ils luttent au quotidien contre le gaspillage alimentaire et sont reconnus pour cela, sans pour autant avoir besoin des doggy bags. Car le gaspillage alimentaire dans la restauration commerciale, c’est surtout des problèmes d’approvisionnement, de conditionnement, de stockage, de manipulation, de qualité et de quantités servies. Il faut savoir qu’aujourd’hui, la seule contrainte qu’impose la législation au restaurateur en termes d’anti-gaspillage, c’est de trier ses bio-déchets…, même pas d’en avoir moins ! Imposer le doggy bag, c’est à nouveau imposer une solution en bout de chaîne : ramenez vos restes pour que le restaurateur n’ait pas à les jeter. Il y aurait pourtant tant à faire en amont… Comme on le dit toujours chez Framheim, le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas !
(crédit photo : Jannoon028 / Freepik)